Résumé: « François pensa : si elle commande un déca, je me lève et je m'en vais. C'est la boisson la moins conviviale qui soit. Un thé, ce n'est guère mieux. On sent qu'on va passer des dimanches après-midi à regarder la télévision. Ou pire : chez les beaux-parents. Finalement, il se dit qu'un jus ça serait bien. Oui, un jus, c'est sympathique. C'est convivial et pas trop agressif. On sent la fille douce et équilibrée. Mais quel jus ? Mieux vaut esquiver les grands classiques : évitons la pomme ou l'orange, trop vu. Il faut être un tout petit peu original, sans être toutefois excentrique. La papaye ou la goyave, ça fait peur. le jus d'abricot, ça serait parfait. Si elle choisit ça, je l'épouse...
– Je vais prendre un jus... Un jus d'abricot, je crois, répondit Nathalie. Il la regarda comme si elle était une effraction de la réalité. »
Mon avis:Voici un roman tout en légèreté. Oui, légèreté, c’est bien le terme qui le caractérise et c’est d’ailleurs la principale force du livre.
Si l’histoire en elle-même n'est pas extraordinaire, c’est surtout le style de l’auteur auquel on accroche. C’est frais, c’est léger et même poétique (combien de fois ai-je voulu arrêter ma lecture pour noter une citation ? Je ne compte même plus. Au final j’ai laissé tomber), bref ça se laisse vraiment lire tout seul et on se laisse emporter sans même s’en rendre compte. Des espèces de notes sont distillées entre les chapitres (souvent en rapport avec un évènement de l’histoire) et font souvent sourire, de même que les notes de bas de pages qui apporte une légère touche d’humour, juste ce qu’il faut.
Même si j’ai dû le lire en plusieurs fois, selon moi c’est un roman à lire d’une seule traite, pour ne pas être coupé dans la magie dans laquelle nous emporte l’écriture.
Le rythme du récit est assez rapide dans l’ensemble, surtout au début du roman où plusieurs années nous sont relatées en très peu de pages. Cela rend le récit original et participe au rythme léger du roman en empêchant les longueurs. De même, Foenkinos décrit de manière très juste les sentiments de ses personnages sans en faire des tonnes.
L’histoire en elle-même n’est pas bien originale mais comme je l’ai dit un peu plus haut, c’est surtout l’écriture qui nous transporte dans l’histoire et fait vraiment tout, l’intrigue en elle-même aurait d’ailleurs été un peu trop fade et futile à mon goût s’il n’y avait pas eu le style de l’auteur pour la transporter mais les deux s’imbriquent à merveille.
Concernant les personnages, ceux-ci m’ont fait penser à ceux d’Anna Gavalda dans leur caractère ainsi que leur manière de penser un peu décalée et atypique.
Bref, ce n’est pas un roman que je classerais dans mes favoris et je trouve les très nombreux prix littéraires qu’il a reçu un peu excessif, mais c’est un roman très agréable à lire, qui sait nous emporter et au fond, c’est tout ce qu’on lui demande.
Extraits :« Elle avait l’impression d’être subitement devenue le centre du monde, quand son monde à elle n’existait plus »
« Il ne put s’empêcher de pleurer mais il savait que c’était la bonne décision. Il préférait la solitude au creusement d’un fossé plus large entre leurs deux cœurs »
« Il voulait se mettre sur son 31. Ce nombre même était trop petit pour elle. Il aurait voulu se mettre au moins sur son 47, ou sur son 112, ou alors son 387 »
« C’était tout à fait normal de ne pas être toujours dans la perfection. La vie, c’est surtout des moments brouillons, des ratures, des blancs. Shakespeare n’évoque que les moments forts de ses personnages. Mais Romeo et Juliette dans un couloir, au lendemain d’une belle soirée, c’est certain qu’ils n’ont rien à se dire »
« Qu’est-ce que tu fais ? lui demande Nathalie.
- Je fais comme dans Le Petit Poucet. Si tu es perdue, il faut que tu laisses derrière toi, sur ton passage, des miettes de pain. Ainsi, tu pourras retrouver ton chemin.
- Qui mène ici…à toi, je suppose ?
- Oui. Sauf si j’ai faim, et que je décide de manger les miettes en t’attendant. »
« Le Larousse s’arrête là où le cœur commence »