Je l'ai fini hier soir.
Il y a une particularité à ce roman : une fois que vous l'ouvrez, vous ne pouvez pas le refermer. J'ai vraiment bcp aimé. Je me suis laissée emporter par l'histoire, par Gemma, par le style, par les mots. C'est complexe, haletant, prenant. On me l'avait décrit comme ça, j'étais intriguée, j'ai embarqué !
Difficile de donner un avis structuré tant il y a des choses à dire, à souligner, à partager. Gemma a 16 ans, c'est une jolie fille pétillante, des parents qui laissent une large part de leur temps à leur travail. Alors qu'ils attendent à l'aéroport, une altercation entre la mère et la fille, et Gemma décide de se calmer en allant boire un café. Là, elle rencontre un garçon TY. Et puis tout dérape.
Gemma est volée, arrachée à sa vie, à ses parents, à ce qu'elle connaît et elle se retrouve prisonnière d'un désert étouffant, d'un soleil destructeur et d'un garçon, un jeune homme, aussi effrayant que fascinant.
Et c'est à lui qu'elle écrit.
Parce que son roman est en fait une lettre à Ty. Gemma revient sur ce qu'il s'est passé, elle lui avoue ce qu'elle a ressenti en toute honnêteté, elle lui rappelle ses souffrances, les horreurs, ses peurs, elle lui confie ses troubles quant à lui, lui qu'elle voulait fuir, tuer mais dont les yeux si bleus lui coupaient le souffle. Elle lui avoue son attirance pour lui. Syndrôme de stockholm ou pas ? Véritables sentiments ou non ?
Elle lui révèle et nous révèle tout. Ce passage dans ce désert qui a marqué sa vie à jamais. La forme est audacieuse. C'est un "Je" à un "Toi" Ca rend le texte plus fort.
Le fond est prenant. Les mots accrochent, emportent. L'atmosphère est étouffante, brûlante, effrayante, violente par moment, mais à certains moments, c'est magnifique, paisible, apaisante.
On se sent aussi prisonnière que Gemma, a cherché le moyen de fuir, de continuer à espérer, de se battre. On ne peut s'empêcher de demander ce qu'on aurait fait à sa place.
Sa relation avec Ty est très complexe. Ty est très complexe : comme un animal sauvage, un enfant abandonné, capricieux, naïf aussi, sans être un monstre, et c'est ce qui est le plus dérangeant. Parce que comme Gemma, une part de nous s'attache à lui : on veut le consoler, prendre soin de lui.
Mon bémol (j'en ai toujours un) c'est peut-être le serpent : trop prévisible. Mais c'est un détail. Le roman tient en haleine et offre de très bons passages. Ce livre ne peut laisser indifférent, Ty et Gemma ne peuvent laisser indifférents.
Extrait des premières pages et de leur rencontre.
"C'est toi qui m'a vue en premier. Personne ne m'avait regardée comme ça, avec cette intensité. j'ai été troublée, surprise sûrement. Des yeux tellement bleus, d'n bleu si froid, qui me regardaient (...) Ils ont un pouvoir terrible tes yeux, tu sais, et beaux avec ça. (...) Le bleu profond de tes yeux renfermaient des secrets, je les voulais. (...) Tes doigts se sont contractés quand tu as constaté que j'avais libéré ma mèche. Alors tu t'es penché par dessus la table pour la remettre derrière mon oreille. Tes doigts se sont attardés sur ma tempe. A leur contact, mon oreille est devenue brûlante. Puis tu as fait descendre ta main jusuqu'à mon menton et tu l'as soulevé avec le pouce pour me regarder. Et quand je dis "regarder", c'est regarder" avec des yeux comme deux étoiles. Tu m'as immobilisée, épinglée, en ce point précis de leur aéroport, petite chose attirée par la lumière. Tu m'as attrapée facilement, attirée à toi, comme si j'avais été prise dans ton filet.
- Tu ne préférais pas l'Australie ?
J'ai ri.tu avais posé la question avec un tel sérieux.
- Bien sûr, ai-je dit.
(...)
- Ty ? ai-je dit, appréciant ton prénom, sa sonorité. Alors c'est comment l'Australie ?
- Tu le sauras bientôt, tu as dit.
Soudain les choses ont changé.
- Tu te sens comment ? tu as demandé..."