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 Le maudit (Myrielle Marc)

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Syrène
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Syrène


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Le maudit (Myrielle Marc) Empty
MessageSujet: Le maudit (Myrielle Marc)   Le maudit (Myrielle Marc) Icon_minitimeSam 24 Sep - 15:26

Je suppose qu'on peut le mettre en fantasy. C'est pas toujours facile, de se décider. Bon courage, cela dit, si vous devez tout lire, je suis une vraie concierge quand un sujet me passionne !

Mais quand même, WAOOW…. Voilà un bon moment que je n’avais eu l’occasion de lire un roman qui me passionne à ce point. J’avais déjà beaucoup aimé, du même auteur, Petite fille rouge avec un couteau, mais celui-là est encore mieux !
Myrielle Marc n’a pas son pareil pour mêler le rire aux larmes, et un soupçon de magie avec un quotidien très sombre, créant ainsi des romans en clair-obscur, très oniriques, qui vous happent à chaque fois dans leur univers. Le voyage est garanti, l’immersion totale, et même si la violence et les drames y côtoient l’amitié et toutes les bonnes choses de l’existence, je suis ressortie de ces deux romans avec le même sentiment de nostalgie, l’envie « d’y retourner ». L’Empire de la jeune héroïne de Petite fille rouge… ou l’île de Systèle sur laquelle se déroule la sombre aventure du Maudit, voilà des univers que l’on n’a pas envie de quitter, quand bien même la vie, comme partout, n’y est pas rose tous les jours.

Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à ce fameux maudit. Est-ce un conte, est-ce une légende, tissée comme il se doit de thèmes éternels (l’amitié, le respect, la justice dans ce qu’elle a de plus implacable lorsqu’on est déchiré entre devoir et affection), est-ce une parabole ou un simple roman de fantasy, alliant à un univers moyenâgeux des éléments modernes ou fantastiques ? C’est tout cela à la fois et sans doute plus encore. Son auteur quant à elle a précisé que lorsqu’elle a écrit ce roman à 17 ans (bien qu’elle ne l’ait publié que 40 ans plus tard) elle voulait : « se recréer un père et une loi».

C’est une histoire sombre, même cruelle par moment, mais parfaitement envoûtante. Et puis, le principal n’est-il pas que tout se termine bien ?
Avec en outre deux personnages de tout premier ordre, auxquels on ne peut que s’attacher profondément. Sans doute, le seigneur de Louvars paraît-il parfois bien dur. Sans doute, Oleg le Maudit parait-il parfois bien « fou », (dans le sens où sa jeunesse le pousse à se lancer dans des entreprises risquées, voire insensées, qu’il payera d’ailleurs au prix fort), mais au final on ne peut que les aimer tous les deux. Alors, tout cela posé, de quoi c’est-y qu’il est question ?

Imagine d’abord une île, très longue, sur un océan lointain. C’est peut-être une île qui n’a jamais existé. Ou bien c’est un océan qui enroule ses vagues dans un autre monde. De toute façon, l’île vit seule depuis des siècles, sauvage encore : les hommes y sont rudes et solitaires.

Cette île a nom Systèle.

Imagine encore. Tout au nord de l’île, dans le dernier fief pacifié, sur les landes qui bordent la mer, s’élève la masse sombre du château de Louvars. Il est puissamment fortifié et abrite derrière ses murailles près de 300 hommes de troupe. Aucun autre château de Systèle n’a osé dresser si haut sa tour, ni défendre sa voûte d’entrée d’une herse aussi monumentale. Othon IV de Louvars, qui l’a construit plus de trois siècles auparavant, était un homme amer et dur, qui haïssait son roi et que son roi n’aimait pas : un peu de son orgueil semble encore habiter les pierres.

L’histoire du Maudit de Varielles commence là, un soir d’hiver, le 27 décembre très exactement.

Généralement, les premières lignes, ou du moins les premières pages d’un roman sont significatives pour le lecteur. Ca n’a pas manqué avec celui-ci. En ce qui me concerne, j’ai été immédiatement sous le charme des mots et des images suscitées.
Ne dirait-on pas une de ces histoires que nous racontaient nos grands-mères lorsque nous étions enfants ? Eh bien, c’est précisément le cas, et la narratrice d’ailleurs met aussitôt son auditoire en garde : « c’est une histoire effrayante que celle du Maudit de Varielles. Il y a du sang, des fouets, des barbares agonisant dans une cage de fer, des enfants rassemblés dans une douve pour y mourir, et mille fois de quoi faire un cauchemar cette nuit ».
En réalité il n’y a pas de quoi faire des cauchemars et le récit ne bascule jamais dans l’horreur, mais pour utiliser une métaphore, cet avertissement m’a donné l’impression de pénétrer dans une grotte (à moins que ce soient les souterrains du château de Louvars, eh, eh) avec une petite bougie : on avance pas à pas, tous les sens en éveil, en de demandant ce qui peut se cacher alentours. Un moyen comme un autre de renforcer l’intérêt et l’attente du lecteur.

Au royaume de Systèle, donc, un jeune homme de 19 ans, Oleg de Virmes, a commis un crime parfaitement horrible en tuant son propre père après l’avoir torturé et mutilé avec une sauvagerie inouïe (mieux vaut s’abstenir de manger juste avant de lire ce livre, certains détails sont… bouah !!! Fort heureusement, le récit ne fait que les survoler).
Contre toute attente, le meurtrier n’a été condamné ni à la décapitation ni au bûcher mais au «bracelet vert ».
Quoi-t-est-ce ? Vous demandez-vous. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un bracelet, d’or et de cuir, avec une serrure et un système de fermeture très complexes. Dans une encoche pratiquée sur la face interne de ce bracelet, deux petites roues dentées et une fiole pleine de « suc de roche », d’une couleur verdâtre, d’où son nom.
En résumé, un instrument de torture diabolique qui, plusieurs fois par jour et par nuit, selon une fréquence totalement imprévisible, inflige à celui qui le porte des souffrances atroces. Comme il ne faut pas abuser des bonnes choses, ce bracelet en outre le tuera, lentement, en quatre ans minimum, six maximum.
C’est un châtiment cruel, aggravé encore par le « protocole », le règlement très strict rédigé par le régent du royaume : il est interdit au condamné de parler le premier, d’évoquer son passé, interdit de ci, et de ça et il y en a comme ça plusieurs pages. Ah, il y a des obligations, aussi : par exemple, passer deux heures chaque soit debout, les mains liées dans le dos, en présence de son futur geôlier, auquel par ailleurs le même protocole donne tous les droits sur lui.
Il est déchu de son nom et de toute espèce de reconnaissance humaine. En bref, il est maudit, et c’est sous cette appellation désormais qu’on le connaîtra.
Après quoi, la conscience en paix, monseigneur le régent s’est débarrassé du condamné, du protocole qui va avec, sans oublier le bracelet naturellement, en les expédiant aux confins du royaume, aux marches de la sauvage péninsule, dans la forteresse de Louvars qui sera désormais la prison du parricide.

C’est là, comme l’indiquent les premières pages de l’ouvrage, que tout commence, lorsque le prisonnier est remis entre les mains très fermes d’Emmanuel de Louvars, seigneur de ce fief sauvage et reculé. Il n’en demandait certes pas tant mais ne peut refuser de devenir le geôlier du jeune assassin : on ne refuse pas un ordre de la couronne, fut-elle représentée par un régent.

A pays rude, hommes rudes. Emmanuel n’est pas vraiment un tendre. Il jouit d’ailleurs d’une très mauvaise réputation, comme du reste tous les seigneurs du Nord, considérés comme presque aussi barbares que ces troupes féroces, non assujettis à Systèle, qui vivent encore dans la péninsule et ravagent fréquemment les villages systéliens ; au risque d’aller périr (et pourrir) dans une cage ouverte à tous les vents au sommet de la tour, où « la faim, le froid et les corbeaux se chargent d’eux ».
Peut-être aussi le seigneur de Louvars est-il victime de la réputation de son ancêtre Othon IV, qui a laissé dans les mémoires peu de bons souvenirs et dans la tour de son château des chaînes très redoutées, car leurs anneaux sont garnis de pointes aiguës. Un homme charmant, Othon.

Fort heureusement, Emmanuel de Louvars est bien plus civilisé que son ancêtre. Courtois, toujours calme et maître de lui, c’est un homme sévère, intransigeant, mais nullement cruel. Doté de l’honneur du guerrier (il traite tous les hommes de la même manière, quels que soient ses sentiments personnels, mais se montre généreux et chevaleresque envers les femmes et les enfants), il a : « le cœur aussi droit et tranchant qu’une épée ».
Pour lui qui est chargé de l’appliquer, la justice n’est pas un vain mot : la règle c’est la règle, pas question de l’appliquer selon la tête du client ; chacun sait ce qu’il risque à la transgres-ser, par conséquent il ne peut y avoir ni remise de peine ni atermoiement.

Cependant, influencé par tout ce qu’il a entendu raconter, Oleg, le maudit, est persuadé qu’Emmanuel est un autre Othon, rien de mieux. A partir de là, il interprète chacun de ses gestes, chacune de ses paroles, en fonction de ce qu’il sait, ou croit savoir. Ainsi, lorsque le voyant souffrir à cause de son bracelet Emmanuel lui propose de s’asseoir, Oleg pense qu’il ne cherche qu’à l’humilier. L’apogée en la matière est atteinte lorsque notre parricide, prisonnier de sa peur, de sa souffrance, de ses fausses certitudes, interprète un geste de pitié inné comme une cruauté raffinée.
Il ignore que parallèlement, les habitants du château eux aussi s’interrogent à son sujet. Nul n’ignore pourquoi il a été condamné ; de fait, malgré sa jeunesse Oleg apparaît au départ froid et distant, presque méprisant.
Il ne parle qu’à peine, refuse de croiser le regard de quiconque, ne se plaint jamais, sauf lorsque les souffrances que lui infligent son bracelet deviennent si insupportables qu’il se tord de douleur en hurlant. Lorsqu’on réussit à apercevoir son regard, celui-ci se révèle dur, glacé et indifférent.
Ainsi, alors que chacun observe l’autre, l’auteur nous dévoile habilement « l’envers du décors » et la manière dont chaque personne et chaque geste peut-être faussement interprété.

Car pour en venir au cœur du roman lui-même, tandis qu’en dehors des murailles du château se met en place une sous-intrigue dont l’importance n’apparaît quasiment qu’à la fin du livre, l’histoire elle-même repose avant tout sur la relation qui va s’instaurer, au fil des mois, entre le geôlier et son prisonnier.
Or, ce n’est pas simple ! Ou plus précisément, l’auteur réussit très subtilement à convaincre le lecteur que rien ne l’est. En dépit du crime horrible dont il est accusé et de son attitude distante, le maudit se révèle vite attachant. Peu à peu d’ailleurs il se dégèle et se mêle à la vie du château, se révélant alors un joyeux drille, ce qui ne fait que redoubler les questions à son égard. Plein de vivacité et de malice, volontiers impertinent –il ose même user de raillerie envers le puissant seigneur de Louvars, voire lui opposer des refus catégoriques :
- Je ne vous le dirai pas, Seigneur.
(et comme le dit la narratrice, qui à part lui aurait osé ? Et qui à part lui pouvait se le permettre, sans aussitôt le payer très cher ?), il a malgré tout des silences et des réserves inattendues dont on ne peut que s’étonner.
Parallèlement toutefois, le seigneur de Louvars a des responsabilités, il est le garant sur ses terres de la justice royale. Et comme c’est un homme droit, il ne peut en aucun cas prendre de liberté en la matière, même s’il réprouve. Encore une fois, l’exercice de la justice n’est pas chose aisée. Où finit le devoir, où commence la compassion ?

Il est certain qu’à côté du frêle adolescent renfermé sur lui-même, Emmanuel de Louvars fait peur. Les deux protagonistes finiront par en plaisanter mais, au début, nul ne songerait à en rire. Outre le pouvoir qui repose entre ses mains, Emmanuel est un guerrier à la haute stature, toujours drapé dans la cape noire qui est l’insigne de son rang. Il est toujours impassible, ses décisions sont sans appel et il est réputé pour « punir durement et ne faire jamais grâce » (ce qui est un chouya exagéré, il est un peu plus souple que ça, mais bon).
C’est un homme qui impose le respect et peu très facilement inspirer la crainte :
« Vous m’avez fait très peur pendant des mois, mais ce soir-là, avec votre calme, vos anneaux et votre cage à barbares, vous m’épouvantiez. »
Ou encore ce passage, nettement plus léger :
« Emmanuel s’approcha : le garçon vacher décampa aussitôt.
- Je lui fais peur, sourit Emmanuel.
- Oui, dit Oleg, vous faites peur, en général ».

Aux côtés du seigneur de Louvars, ou plus précisément entre le maudit et lui, on trouve Salvius.
Médecin et astrologue au château, ancien précepteur du seigneur, ce vieillard aux cheveux blancs représente ici le lecteur.
Il s’émeut, s’attendrit, soupire, intercède.
Se fâche parfois contre Emmanuel. Sans toutefois pouvoir s’empêcher de l’aimer. Il a fidèlement exprimé tous mes sentiments durant ma lecture et j’ai trouvé ça génial, avoir dans l’histoire un personnage qui en quelque sorte s’exprimait à ma place.

De cette façon, alors que l’intrigue elle-même demeure, en réalité, simple comme bonjour, tout finit par s’embrouiller et les questions fusent à mesure que la lecture avance : qui est le monstre, qui est la victime ? Qui piège qui ? Le meurtrier au visage d’ange et à la jeunesse attendrissante, pour ne pas dire désarmante, le seigneur sévère qui a tous pouvoirs sur ses terres, l’enfant-roi « aux yeux de myosotis » traqué par les uns, caché par les autres, le seigneur-évêque qui retranché dans le grand-couvent de la forêt de Brénilis est en rébellion ouverte contre la couronne ou ce régent lointain, affaibli et malade, qui a condamné le maudit au bracelet vert plutôt qu’au bûcher ? Mystère !

Au cours de ce huis-clos qui ne dépasse jamais les murailles du château de Louvars, on se demande tout du long qui porte un masque et lequel. Emmanuel joue-t-il vraiment au chat et à la souris avec son captif, ainsi que ce dernier le croit, essayant d’endormir sa méfiance pour mieux le piéger ou bien est-il réellement l’homme droit et sévère, rigoureux mais juste, qu’il semble être ?
Oleg le maudit trompe-t-il son monde avec son visage d’ange, sa gaieté communicative, sa malice et son indomptable courage ?
Qui est qui ? Pourquoi est-ce le prisonnier, parfois rudement traité, qui semble par moment éprouver de la pitié pour son geôlier ?

L’amitié, puis la fraternelle affection qui finit par naître entre Oleg et Emmanuel complique encore les choses : même au nom de l’amitié, le seigneur de Louvars ne peut transgresser les règles établies. Tant et si bien que chacun porte son propre fardeau : si Oleg est meurtri dans sa chair, Emmanuel l’est au travers des doutes qui l’assaillent et de son devoir face à l’adolescent qu’il aime comme un jeune frère mais dont il est forcé de réprimer les manquements au « protocole ».
Dans la dignité qui leur est commune et le respect qui désormais les unit, aucun des deux protagonistes ne se plaint, aucun ne demandera jamais rien à l’autre. Chacun agit comme il estime devoir le faire tout en respectant l’attitude de son vis-à-vis. Disons seulement qu’en tant qu’aîné, Emmanuel soupire plus souvent qu’à son tour, souhaitant de toute son âme dissuader celui qu’il aime désormais comme un jeune frère de le forcer à sévir.

Les questions appelant des réponses, le livre ne serait pas complet s’il ne révélait tout. Certes, bien avant la fin on se doute qu’un mystère entoure « le maudit » : son caractère qui peu à peu se dévoile, au-delà de son attitude distante, semble incompatible avec le meurtre atroce dont il est accusé. Bien sûr, il ne peut en parler puisqu’il lui est formellement interdit d’évoquer son passé, mais les habitants du château de Louvars se perdent, tout comme le lecteur, en conjectures à ce sujet. Est-il coupable ? On n’arrive pas à le croire. Pourtant, celui qui l’a jugé est réputé pour son intégrité. Est-il fou ? Il semble si équilibré.
Et puis, qui sont les mystérieux personnages avec lesquels il tente de communiquer à l’extérieur du château ? Pourquoi prend-t-il le risque d’en sortir tout en sachant qu’une simple tentative en ce sens lui vaudra une très sévère punition, malgré toute l’affection qu’Emmanuel a pour lui ?
Enfin, pourquoi, alors que par deux fois il réussit ainsi à quitter la forteresse, revient-il de lui-même –tout en sachant ce qui l’attend au retour- ? Voilà un étrange prisonnier, avouons-le, qui n’a visiblement pas la moindre envie de s’évader. Serait-il vraiment fou, au final, ou du moins masochiste ? Il semble étrange que ce garçon si courageux prétende évasivement qu’il ne se risquera pas à s’évader car il a peur d’être lynché par la population si elle venait à découvrir son identité –et avec son bracelet, il lui serait difficile de la cacher-
Certes, au fil des pages et de l’intrigue secondaire qui évolue hors des murs du château, on commence à avoir des soupçons sur l’identité réelle du Maudit. En même temps, néanmoins, un doute subsiste : l’auteur ne cherche-t-elle pas, précisément, à nous le rendre si attachant pour nous dévoiler au final qu’il est bien le monstre décrit au début ?
Oleg lui-même, lorsqu’Emmanuel en personne émet des doutes au sujet des actes de torture dont il est accusé en disant à son captif « mais vous n’êtes pas cruel », lui répond tout simplement : « Vous n’en savez rien. Vous ne m’avez vu que désarmé ».

Puis arrive ce moment où en plein repas, au cours d’une conversation banale, Emmanuel de Louvars soudain comprend tout. Absolument tout. Tous les éléments du puzzle s’emboîtent brusquement les uns dans les autres.
Blême, il se lève d’un bond, lui qui pourtant ne perd jamais son calme, et son regard croise celui d’Oleg qui, pour la première fois, la toute première fois depuis deux ans et 190 pages, semble l’implorer :
- Non ! Monseigneur, non, je vous en prie…

Tout se dévoile enfin, bien entendu, et alors que l’on se prend à sourire, à la fois du dénouement et de l’ingéniosité de l’auteur qui a si bien réussi à tout embrouiller, celle-ci nous livre un flash-back sensationnel, celui de l’arrivée d’Oleg au château de Louvars, mais cette fois, racontée par lui-même.
On ne fait plus qu’un avec lui, je crois, à l’évocation de ces heures terribles. Un adolescent de 16 ans à peine, ayant toujours été choyé et même, de son propre aveu, beaucoup trop gâté. On partage son étourdissement lorsque en quelques minutes à peine sa vie bascule, qu’il est arraché au cadre qu’il a toujours connu et à son frère de cœur, le jeune Florimond. Comment ne pas partager son exaltation d’adolescent d’abord, galopant librement dans la nuit, puis l’horreur lorsqu’il découvre ce que sera désormais son existence, lorsque le bracelet vert à son poignet se met à le torturer ? La sottise de son escorte, qui lui raconte des histoires effrayantes sur Louvars et son seigneur, décrit comme un homme terrible et sans pitié. Son épuisement lors de cette terrible chevauchée avec la mort aux trousses et enfin, sa terreur en découvrant, dans la nuit noire, la formidable forteresse de Louvars, avec sa herse qui grince de manière bien sinistre, sa garnison et puis, tout de suite derrière, la haute silhouette d’Emmanuel, impassible, avec sa sombre cape ? Sa détresse enfin en prenant connaissance du fameux « protocole » ?
Comment ne pas se sentir ému(e) par le sort de cet adolescent en ce premier soir ? Seul dans sa chambre, dans cette forteresse inexpugnable, la plus lointaine, la plus reculée du royaume, aux marches de la péninsule peuplée de « barbares » contre lesquels elle défend Systèle, coupé de tout et tous ceux qu’il a connu et aimé, menacé et livré à « un tueur de barbares » dont on lui a dit raconté pis que pendre ? Comme le dira Oleg lui-même : il fallait mourir ou grandir. Vite. J’ai grandi ».



QUELQUES CRITIQUES :


Evènement : « Dans l’idéal ce livre devrait avoir une voix, car plus que d’être lue, cette histoire devrait être écoutée. Cette voix serait celle d’une grand-mère - ou de la notre - qui nous ouvrirait doucement le monde de Systèle, puis, après une dernière mise en garde contre l’effroi que provoque ce récit, nous y plongerait.
Car c’est un très beau conte que nous offre Myrielle Marc, avec de vrais justes, des princes droits et bons, qui s’opposent, comme cela doit être dans les contes et légendes, à de vrais princes mauvais, retords et lâches. L’auteur s’inspire des mythes médiévaux pour mettre en scène son récit digne des chevaliers de la table ronde ou de 'Robin des bois'. Elle construit avec beaucoup de minutie un royaume îlien, qui abrite de grands châteaux forts gouvernés par de puissants seigneurs, et au fil des pages on se laisse prendre au jeu. Qui est ce Maudit ? Peut-il vraiment être l’auteur d’une telle atrocité ? Comment le seigneur de Louvars peut-il accepter cette sentence ? Comment va finir cette histoire ? Les pages défilent sous nos yeux sans que l’on se lasse et la fin arrive, presque imprévisible.
Presque, car les personnages sont si cadrés dans les rôles que l’auteur leur a attribué, que le côté dualiste du livre nous amène à deviner que si un personnage est beau, courageux et intelligent il ne peut pas être mauvais.
C’est le seul bémol que l’on pourrait trouver à ce roman, sans que cela en soit vraiment un, car cette très belle histoire Myrielle Marc l’a écrite à 17 ans seulement. »

Le Figaro : « L’histoire est cruelle, l’intrigue bien menée. Le livre, fascinant, tient à la fois du conte philosophique et du roman noir, avec des scènes d’une dureté parfois difficilement soutenable. Les amateurs de mystère et de suspense seront enchantés : dépaysement assuré ».

Morwenna (blog) : « Un petit bijou. Je connaissais cette auteure grâce à son roman Orfénor, que j’avais beaucoup apprécié. Quand j’ai vu ce roman, je n’ai pas hésité, surtout que le titre et la couverture étaient intrigants…
… Je ne regrette pas cette impulsion. Ce roman est magnifique, captivant, inoubliable. L’histoire pourrait paraître fade, conte moyenâgeux sans réelle nouveauté. Eh bien non. C’est le style de livre que l’on ne lâche plus avant la fin, le style de livre qui nous accroche dès les premiers mots, le style de livre dont on dévore chaque phrase avec passion.
Sous ses apparences légères, Le Maudit se révèle profond. Les personnages sont extrêmement attachants, malgré leurs défauts. Quant au style, il est beau, ciselé, prenant.
Ce livre fut un fabuleux voyage, une ode à l’amitié, empreint d’un parfum de légende d’antan. Un roman que l’on savoure comme l’on savourerait un gâteau de sa grand-mère ».

Passion du livre : « Son premier roman (Petite Fille rouge avec un couteau) a attendu dix-sept ans avant d'être édité. Un autre (Orfenor, splendide saga de 900 pages parue en 2004) a patienté trente-cinq hivers dans un carton. Avec Le Maudit, écrit il y a plus de quatre décennies, Myrielle Marc bat un nouveau record. Cette institutrice à la retraite en coucha les mots dans l'urgence convalescente de ses 17 ans, au réveil d'une très longue dépression qu'elle nomme «absence»: en une semaine, elle entreprit de se «recréer un père et une loi», au travers d'un texte violent, onirique et pénétrant...
On écoute son histoire avec ferveur, emporté jusqu'à la pirouette finale, délicieusement romantique. »

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