Ce livre est sans doute le livre qui m'a fait comprendre que tout était possible en écriture, tout, même ce qui semble complétement insupportable, il n'y a aucune limite et chacun peut écrire. Si il y a un livre que je devais garder avec moi en permanence tel un talisman ce serait celui ci.
Italo Calvino faisait partie des oulipiens (un mouvement littéraire qui travaille sous contrainte de style et de forme, je pourrais faire - si vous le voulez - un post sur l'OULIPO : ouvroir de littérature potentiel). Bref, ce livre est donc un livre oulipien, à contrainte.
Vous êtes (ami lecteur) le héros de ce roman qui est à la seconde personne du singulier ! Il commence simplement par vous allant acheter le dernier livre d'Italo Calvino dans la librairie près de chez vous, et ce livre se nomme ? "si par une nuit d'hiver un voyageur", ensuite vous vous installez sur un canapé, au chaud, changez de posture puis... vous vous mettez à lire. Ce début est un peu destabilisant mais c'est plaisant d'être un personnage, pour de bon, pour de vrai ! et puis donc, on lit le livre "si par une nuit d'hiver sun voyageur" (je n'en dirais pas plus sur cette histoire dans l'histoire) mais... mais on a pas la fin du livre on doit donc retourner en librairie pour trouver la fin de ce livre dont on a une 20éne de pages !
L'histoire c'est celle ci : la recherche de la suite, des débuts de roman, une histoire d'amour en filigrane (il fallait bien !), une quête en somme...
Ce livre est difficile d'entrée, mais le style est des plus beaux (Italo à la plume si douce de façon générale !). Personnellement j'ai du le lire fin collège début lycée parce que j'avais étudié "le baron perché" et que ma mère avait d'autres livres de lui dans sa bibliothéque... Quand j'ai lus se roman, d'un coup, tout ce qu'on m'avait appris sur la forme classique d'un roman est tomber. On avait droit de tutoyer son lecteur, on avait droit de l'entrainer là où on le voulait, on pouvait inventer tout et détruire plus encore... On pouvait faire naitre une frustration, faire naitre un désir... Il n'y avait plus de frontière, l'écrivain avait tous les droits même les plus absurdes... Et en tant que lectrice... j'avais le droit d'aimer ou pas, de juger, de me forger un avis et de prendre la mouche, de remplir des feuilles et des feuilles de conneries, de mots sans suite, de délires, d'histoires sans fond, de personnages inexpressifs. On pouvait tout faire, on a le droit de tout écrire et c'est grâce à ce livre là que je m'en suis vraiment rendue compte.